mardi 12 mai 2015

This is the first day of my life

Après bien des mois d'absence, je reviens en fanfare avec le récit de la naissance de notre Coquillette...


Flashback ...4 mois plus tôt...



Jeudi 8 janvier2015
Depuis cette nuit, je ressens une douleur intense dans les reins. Brève mais suffisamment forte pour me réveiller plusieurs fois dans la nuit.  Toutes les heures même. Je mets en application les exercices de respiration lente de ma sage-femme pour gérer et ne pas réveiller ma chérie.
Dès mon réveil, je ne pense qu’à une chose : me reposer sur le canapé pour récupérer de la nuit hachée. La douleur dans le bas du dos est toujours là, avec des intensités irrégulières. A midi, je me décide à prendre note de ces « contractions » dorsales : durée, intervalles.

Vers 16h, je constate qu’elles oscillent entre 30 et 50 secondes toutes les 6 à 15 min. Pas assez régulier, cela doit être du faux-travail. Ma chérie rentre du travail et me demande ce que je fais avec mon bloc notes : vu que je ne réponds pas car contraction en cours et du coup je respiiiiiiiiiiiiiiire, elle devine qu’il va sans doute falloir aller faire un tour à la maternité ce soir. On fait quelques exercices préconisés par la sage-femme, un peu de ballon, des étirements.
Je continue à gérer en me disant que de toute façon ça ne doit pas être ça. A 20h, finalement, je dis à ma chérie : « bon, ben on va ptet y aller (tout ça à genoux sur le canapé, la tête enfouie dans mes bras entre 2 souffles…). Ne prends que la valise de la salle de naissance, si ça se trouve on va revenir. » Elle est dans les starting blocks ! Nous voilà parties à la mat, qui se trouve à 10 min de la maison. Arrivées aux Urgences, on se rend compte qu’on a oublié mon dossier et mes papiers à la maison !!! Hop, demi-tour ! Sur le trajet, deux contractions, soit toutes les 5 minutes maxi ! Je m’agrippe à l’accoudoir à chaque fois et souffle lentement pour faire passer.
Il est 20h45. On se dirige vers les Urgences Obstétriques. Une sage-femme, Faustine, me prend en charge. J’explique mes douleurs dans le dos puis elle m’examine. Dilatation à 3 : le travail a commencé, donc on me garde ! J’ai du mal à réaliser. C’est pour ce soir, cette nuit.
21h20 : elle m’installe dans la salle d’accouchement (ah bon, on ne va pas en salle de pré-travail d’abord ???) et me dit que l’anesthésiste sera là dans une heure pour poser la péri. Elle me pose le monito.

22h20 : Après une heure de contractions un peu plus fortes mais supportables, mon sauveur arrive avec sa péri ! On demande à ma chérie de sortir. Après 18 min de bataille (j’avais la pendule en face de moi), cinq tentatives ratées car dos trop droit (pourtant je faisais de mon mieux pour m’enrouler sur moi-même avec l’aide de Sylvie l’auxiliaire puéricultrice) et une bonne dose de stress et de douleurs (à côté les contractions c’était du pipi de chat !), M. le sauveur me dit : « on va tenter une dernière fois, après on laisse tomber ». Dans ma tête, je me dis que non ça va pas être possible de laisser tomber, et je pense qu’inconsciemment mon corps et mon cerveau ont fait le reste, parce que cette dernière tentative a été la bonne ! J’ai froid, j’ai chaud, je tremble, je transpire, je suis soulagée. Il est 22h48. Ma chérie revient. Je vais pouvoir me reposer un peu.
23h30 : Faustine revient m’examiner, me couvre parce que j’ai froid. Surprise, dilatation à 7/8 et poche des eaux toujours pas rompue. On lance notre playlist « BabyTime » sur mon téléphone et on se laisse bercer.
Vendredi 9 janvier
0h30 : Une nouvelle sage-femme, Eléonora, prend le relais. Je suis presque à 9, la poche des eaux est bien bombée mais ne rompt pas. Elle décide avec mon accord de la rompre. Elle repart en me disant qu’on en a encore pour un moment, le temps que le bébé descende un peu et me dit de me reposer en attendant. Je ne réalise toujours pas que nous allons rencontrer notre bébé dans quelques heures. Ce bébé qui est encore dans mon ventre et que je ne m’imagine pas. Ce bébé avec qui j’ai passé des moments merveilleux pendant ma grossesse. Je songe à ce futur ventre vide et me dit que cela va me manquer. Je ne suis pas fatiguée, je me sens bien.
1h30 : Je sens davantage les contractions, dans les côtes cette fois. J’ai envie de pousser, je souffle lentement pour aider à faire passer. Ma chérie s’inquiète car le monito du bébé a fait une chute de 140 à 60. Puis plus rien sur le monito. En panique, elle sort de la salle à la recherche d’une sage-femme et se retourne pour revérifier le monito, sauf que la porte automatique arrive plus vite que prévu et Bim ! une porte en pleine tête ! C’était surréaliste, une vraie scène de comédie ! Bosse au front, elle appelle Eléonora qui nous confirme que c’est parce que le bébé arrive. Elle m’installe et me demande de pousser en bloquant à la prochaine contraction. Je pousse deux fois, mais cette technique m’épuise et j’ai l’impression de ne pas m’y prendre correctement. Elle me dit de toucher les cheveux du bébé pour me donner du courage puis me dit de me reposer. Qu’on va la laisser descendre un peu toute seule et que quand je sentirai à nouveau l’envie de pousser, je l’appellerai. Je lui demande comment je saurai, elle me dit de me faire confiance et que je sentirai que j’ai envie de pousser vers l’avant et non en bas. Elle repart…
Contraction suivante, je sens déjà que c’est différent et j’ai l’impression que notre fille va sortir toute seule. Je dis à ma chérie de rappeler Eléonora. Elle préfère attendre la prochaine contraction pour être sûre… Et là, je lui dis que vraiment il faut qu’elle l’appelle, je sens que le bébé fait pression. La sage-femme arrive, s’installe à côté de moi et me dit de pousser comme j’ai envie sur la prochaine contraction et on va voir ce que ça donne. Je pousse une fois longuement et soufflant lentement… deux fois…. et là elle me dit : « Arrêtez de pousser ! ». Elle se met vite en face de moi, une main sur la tête du bébé pour l’empêcher de sortir et elle demande à ma chérie de lui passer des gants. « Ne poussez plus ! Elle est pressée votre puce dites donc ! » (comment ne poussez plus ???? mais je ne pousse plus là ! mais en revanche je sens que bébé continue à sortir !).
Quelques secondes plus tard, elle me demande de l’attraper, je la pose sur mon ventre, elle est toute chaude, les yeux grands ouverts, ses petits doigts déjà tricotent autour des miens, ma femme à mes côtés qui me dit « on a réussi, tu as réussi ma chérie ! », je pleure, je pleure, je pleure de joie, de bonheur. Moment suspendu hors du temps. J’entends le solo de guitare de « Machine » de –M- qui résonne dans mes oreilles. Comme dans une bulle, un pur instant de magie, une apothéose !
 On y est. C’est maintenant. Juliette est là. Nous sommes une famille.