Flashback ...4 mois plus tôt...
Jeudi 8 janvier2015
Depuis cette nuit, je ressens une
douleur intense dans les reins. Brève mais suffisamment forte pour me réveiller
plusieurs fois dans la nuit. Toutes les
heures même. Je mets en application les exercices de respiration lente de ma
sage-femme pour gérer et ne pas réveiller ma chérie.
Dès mon réveil, je ne pense qu’à
une chose : me reposer sur le canapé pour récupérer de la nuit hachée. La
douleur dans le bas du dos est toujours là, avec des intensités irrégulières. A
midi, je me décide à prendre note de ces « contractions »
dorsales : durée, intervalles.
Vers 16h, je constate qu’elles
oscillent entre 30 et 50 secondes toutes les 6 à 15 min. Pas assez régulier,
cela doit être du faux-travail. Ma chérie rentre du travail et me demande ce que
je fais avec mon bloc notes : vu que je ne réponds pas car contraction en
cours et du coup je respiiiiiiiiiiiiiiire, elle devine qu’il va sans doute
falloir aller faire un tour à la maternité ce soir. On fait quelques exercices
préconisés par la sage-femme, un peu de ballon, des étirements.
Je continue à gérer en me disant
que de toute façon ça ne doit pas être ça. A 20h, finalement, je dis à ma
chérie : « bon, ben on va ptet y aller (tout ça à genoux sur le
canapé, la tête enfouie dans mes bras entre 2 souffles…). Ne prends que la
valise de la salle de naissance, si ça se trouve on va revenir. » Elle est
dans les starting blocks ! Nous voilà parties à la mat, qui se trouve à 10
min de la maison. Arrivées aux Urgences, on se rend compte qu’on a oublié mon dossier
et mes papiers à la maison !!! Hop, demi-tour ! Sur le trajet, deux
contractions, soit toutes les 5 minutes maxi ! Je m’agrippe à l’accoudoir
à chaque fois et souffle lentement pour faire passer.
Il est 20h45. On se dirige vers
les Urgences Obstétriques. Une sage-femme, Faustine, me prend en charge.
J’explique mes douleurs dans le dos puis elle m’examine. Dilatation à 3 :
le travail a commencé, donc on me garde ! J’ai du mal à réaliser. C’est
pour ce soir, cette nuit.
21h20 : elle m’installe dans
la salle d’accouchement (ah bon, on ne va pas en salle de pré-travail
d’abord ???) et me dit que l’anesthésiste sera là dans une heure pour
poser la péri. Elle me pose le monito.
22h20 : Après une heure de
contractions un peu plus fortes mais supportables, mon sauveur arrive avec sa
péri ! On demande à ma chérie de sortir. Après 18 min de bataille (j’avais
la pendule en face de moi), cinq tentatives ratées car dos trop droit (pourtant
je faisais de mon mieux pour m’enrouler sur moi-même avec l’aide de Sylvie
l’auxiliaire puéricultrice) et une bonne dose de stress et de douleurs (à côté
les contractions c’était du pipi de chat !), M. le sauveur me dit :
« on va tenter une dernière fois, après on laisse tomber ». Dans ma
tête, je me dis que non ça va pas être possible de laisser tomber, et je pense
qu’inconsciemment mon corps et mon cerveau ont fait le reste, parce que cette
dernière tentative a été la bonne ! J’ai froid, j’ai chaud, je tremble, je
transpire, je suis soulagée. Il est 22h48. Ma chérie revient. Je vais pouvoir
me reposer un peu.
23h30 : Faustine revient
m’examiner, me couvre parce que j’ai froid. Surprise, dilatation à 7/8 et poche
des eaux toujours pas rompue. On lance notre playlist « BabyTime »
sur mon téléphone et on se laisse bercer.
Vendredi 9 janvier
0h30 : Une nouvelle
sage-femme, Eléonora, prend le relais. Je suis presque à 9, la poche des eaux
est bien bombée mais ne rompt pas. Elle décide avec mon accord de la rompre.
Elle repart en me disant qu’on en a encore pour un moment, le temps que le bébé
descende un peu et me dit de me reposer en attendant. Je ne réalise toujours
pas que nous allons rencontrer notre bébé dans quelques heures. Ce bébé qui est
encore dans mon ventre et que je ne m’imagine pas. Ce bébé avec qui j’ai passé
des moments merveilleux pendant ma grossesse. Je songe à ce futur ventre vide
et me dit que cela va me manquer. Je ne suis pas fatiguée, je me sens bien.
1h30 : Je sens davantage les
contractions, dans les côtes cette fois. J’ai envie de pousser, je souffle
lentement pour aider à faire passer. Ma chérie s’inquiète car le monito du bébé
a fait une chute de 140 à 60. Puis plus rien sur le monito. En panique, elle
sort de la salle à la recherche d’une sage-femme et se retourne pour revérifier
le monito, sauf que la porte automatique arrive plus vite que prévu et
Bim ! une porte en pleine tête ! C’était surréaliste, une vraie scène
de comédie ! Bosse au front, elle appelle Eléonora qui nous confirme que
c’est parce que le bébé arrive. Elle m’installe et me demande de pousser en
bloquant à la prochaine contraction. Je pousse deux fois, mais cette technique
m’épuise et j’ai l’impression de ne pas m’y prendre correctement. Elle me dit
de toucher les cheveux du bébé pour me donner du courage puis me dit de me
reposer. Qu’on va la laisser descendre un peu toute seule et que quand je
sentirai à nouveau l’envie de pousser, je l’appellerai. Je lui demande comment
je saurai, elle me dit de me faire confiance et que je sentirai que j’ai envie
de pousser vers l’avant et non en bas. Elle repart…
Contraction suivante, je sens
déjà que c’est différent et j’ai l’impression que notre fille va sortir toute
seule. Je dis à ma chérie de rappeler Eléonora. Elle préfère attendre la
prochaine contraction pour être sûre… Et là, je lui dis que vraiment il faut
qu’elle l’appelle, je sens que le bébé fait pression. La sage-femme arrive,
s’installe à côté de moi et me dit de pousser comme j’ai envie sur la prochaine
contraction et on va voir ce que ça donne. Je pousse une fois longuement et
soufflant lentement… deux fois…. et là elle me dit : « Arrêtez de
pousser ! ». Elle se met vite en face de moi, une main sur la tête du
bébé pour l’empêcher de sortir et elle demande à ma chérie de lui passer des
gants. « Ne poussez plus ! Elle est pressée votre puce dites
donc ! » (comment ne poussez plus ???? mais je ne pousse plus
là ! mais en revanche je sens que bébé continue à sortir !).
Quelques secondes plus tard, elle
me demande de l’attraper, je la pose sur mon ventre, elle est toute chaude, les
yeux grands ouverts, ses petits doigts déjà tricotent autour des miens, ma
femme à mes côtés qui me dit « on a réussi, tu as réussi ma
chérie ! », je pleure, je pleure, je pleure de joie, de bonheur.
Moment suspendu hors du temps. J’entends le solo de guitare de « Machine »
de –M- qui résonne dans mes oreilles. Comme dans une bulle, un pur instant de
magie, une apothéose !
On y est. C’est maintenant. Juliette est là. Nous
sommes une famille.